Quelle soirée.
La première partie déjà, le groupe Sol Seppy. J'avais lu la chronique de leur premier album dans le magazine "Newcomer" de cet été; le journaliste J-V.C était manifestement troublé par cet album et une phrase de sa chronique m'avait convaincu d'acheter ce disque: "la réalité des sorties discographiques apparaît bien pâle à côté de manifeste somnambule pour un rêve éveillé". Magnifique, non ?
Et puis, le temps passe, on garde l'idée de cet achat dans un coin de sa tête mais on n'y pense plus là où il faut, à savoir dans le magasin. Arrive le soir du concert de Sparklehorse, je rentre dans la Cigale, jette un coup d'oeil distrait sur le stand merchandising et tombe en arrêt devant la superbe pochette de "The bells of Twelve", l'unique album de Sol Seppy. Je ne peux retenir un tonitruant "yyyyeeeessssss" de satisfaction. Et ainsi me "taper l'affiche" devant le public, par la même occasion.
Le concert débute : une femme magnifique, bras nus, vêtue d'une longue robe typiquement hollywoodienne des années 50, rentre sur scène. Nous lance un regard et un sourire en coin coquins et joueurs. Elle s'assoit derrière son synthé. Nous balbutie quelques mots dans un français qu'elle estime insuffisant et qui est juste simplement adorable. Puis elle démarre, seule, avec une voix veloutée, doucereuse. Le morceau se termine, la magie est déjà là. Elle est rejoint ensuite par deux hommes aux machines, un bassiste, un guitariste et un violoncelliste. Le deuxième, le troisième morceaux suivent et se font plus menaçant, tout comme la voix décidément troublante et enfantine de l'anglaise Sophie Michalitsianos. La musique s'enrichit parfois de beat électronique, devient perverse par moment, tout comme la voix de Sophie qui montre une aisance vocale bouleversante. Elle remercie sincèrement le public, tente régulièrement de lui parler en français, s'excusant continuellement de ses approximations, demandant au public en se penchant vers lui les bons mots, si elle est compréhensible... ce qui la rends encore plus touchante. Surtout quand vient le moment où elle introduit une chanson -en français donc-, expliquant qu'elle n'est pas d'elle, mais qu'il y a quand même un peu d'elle dedans toutefois...mais : "not much", insiste t'elle modestement. Ok. La chanson démarre, elle chante la première phrase et, immédiatement, son regard habité se remplit de larmes dès les premiers mots.... Quelques secondes avant, elle riait avec nous de son français balbutiant, l'instant d'après, elle s'abandonne dans cette chanson avec passion. Autant vous dire qu'elle m'a coincé et que je n'ai pu que me joindre à elle.
Enfin bref, vous l'aurez compris, plein de beaux moments, que je n'ai pû filmer, tant je ne voulais perdre le lien avec ce concert. Je vous conseille l'album "The Bells of Twelve", qui s'il n'est pas parfait et montre ainsi quelques signes de faiblesse, est, comme le dit donc si bien le journaliste de Newcomer, un "manifeste somnambule pour un rêve éveillé". Et il a raison : leur musique semble écrite pour illustrer les rêves, ceux que l'on faisait sans peine étant enfant, et que l'on produit plus rarement maintenant. Puissent ils poursuivre dans cette voie, et surtout revenir nous voir très vite.
Ca, rendez vous compte, ce n'était "que" la première partie.
Avant de parler du concert de Sparklehorse, le groupe de Mark Linkous, petit retour en arrière : en 1995 paraît leur premier album: "Vivadixiessubmarinetransmissionlot". La critique est tout de suite unanime. Comme la reconnaissance de ses pairs, ce qu'il lui permettra après de travailler avec, entre autres, Thom Yorke, Pj Harvey, Tom Waits, Portishead et John Parish (excusez du peu). L'homme revient de loin: longues et fortes dépressions, addictions à divers drogues et une overdose en 1996 de valium et d'antidépresseur. Pendant le coma de 16 heures qui suivra, ses jambes seront écrasées sous son poids. Cela aura pour lui comme conséquence une démarche claudiquante. Sort ensuite en 98 "Good Morning Spider" et surtout "It's a Wonderful Life" en 2001. Disque d'une rare beauté. Qui propose une sorte de folk vaporeuse, contrastée par des accents punkisant, des mélodies délicates et éthérées. Un grand album, qui 5 ans après, tourne encore très régulièrement dans mon Ipod. Et aussi pour moi, la découverte d'un grand batteur, Scott Minor, à la frappe choisie, au son parfait. Après la petite tournée qui suivra, le chanteur connaîtra une profonde dépression, préférant s'exiler dans la montagne en Caroline du Nord, ne se croyant pas digne d'intérêt pour le public; friand de nouveaux groupes en vogue et passé à autre chose, pense t il. Détrompe toi, Mark. Ton retour, dû en grande partie grâce au producteur Danger Mouse qui l'a aidée à lui redonner confiance en ses chansons, est très attendu et donne naissance au magnifique "Dreamt For Light Years In The Belly Of Mountain" sorti il y a quelques semaines, et encore très favorablement accueilli par la critique.
Alors Sparklehorse en concert, c'est assez troublant. Mark Linkous nous regardait et nous remerciait d'un sourire timide quant on l'applaudissait...se demandant limite pourquoi on trouvait un quelconque intérêt dans sa musique. Il doute décidément de son talent. Troublant également de constater que Mark Linkous mesure dans les deux mètres, et ne semble toujours pas s'arranger de son corps. Le concert délivré était pudique et élégant. Pas de jeu de lumière, de mise en scène, d'enchaînements de morceaux ébouriffant et tape à l'oeil. Simplement, et c'est déjà beaucoup, des morceaux d'âme partagés par un être habité. Alors même si l'homme semble parfois mal à l'aise, perturbé, inquiet, nerveux, s'emmêlant entre ses différentes pédales; ses sourires timides mais francs nous font espérer de meilleurs lendemains pour lui.
Pour ma part, je ne peux que me contenter de le remercier d'avoir été le compagnon de bien de moments de ma vie, et de lui souhaiter le meilleur.
Les images en image.
Et pour finir, deux clips de Sol Seppy :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire