Gilles Rammant. Get yours at bighugelabs.com/flickr

07 avril 2008

Camille à l'EMB

"Camille en répétitions publiques". En voilà une affiche de concert au titre intrigant. Mais qui dit vrai.
Depuis le 1er Avril dernier, Camille et sa formation était à l'EMB (Sannois-95) pour une résidence afin de travailler son nouveau set. Vendredi 4 Avril, me voilà, et quelques autres privilégiés, pour la première d'une série de trois dates.
Un homme apparaît sur scène et délivre ce qui s'apparente comme un message d'annonce : le concert de ce soir n'en ai pas vraiment un. "Oui" Camille sera sur scène avec son groupe, "oui" ils vont jouer des morceaux et "oui" nous constituons une assistance qu'on peut clairement définir comme étant un public. Mais "non". C'est aussi et surtout une répétition. Publique certes, mais une répétition quand même. Approximations, erreurs, hésitations pourront s'inscrire au programme de ce soir. Et là encore, on ne nous a pas menti ! Ceci dit, on joue le jeu car on est plutôt heureux de pénétrer dans l'intimité de la préparation d'une tournée d'une chanteuse décidément intéressante.
Le concert, pardon la répétition, commence. Elle se présente seule avec un grand sourire. On la sent contente de renouer avec le public pour jouer son répertoire. Elle débute son set, rigole, se moque de ses hésitations et se lance dans l'évocation par le corps d'une chute dans un trou (?!). Ok Camille, comme tu veux : tu es chez toi. Nous fait plusieurs propositions et sollicite notre avis. Le ton est donné : on bosse, mais on rigole aussi et le public se doit d'être actif.
Suivent quelques chansons en solo. Puis son groupe arrive. 7 personnes. 1 seul instrument (un piano). Car tout son répertoire, nouveau comme ancien, sera joué et produit par le corps. Voix évidemment, mais aussi mains, pieds, poitrine, joues, dos. Tout peut sonner et va sonner. Les titres s'enchaînent tout comme les débriefing. Camille distribuent alors les bons comme les mauvais points. Les musiciens doivent alors mettre leurs égos de côté. Se planter est une chose. Mais se le faire spécifier devant un public...c'en est une autre. Son équipe l'écoute, se défend parfois mollement, mais reste attentive aux recommandations de la chanteuse. Les chansons sont parfois interrompues, d'autres sont reprises en partie une deuxième fois pour un problème de hauteur de ton ou de vitesse de tempo. Ca travaille pas mal mais le plaisir est là. Les musiciens semblent savourer le moment comme la qualité du travail de leurs voisins. Jouer de la musique avec son corps. Rien de nouveau sous le soleil mais c'est une connexion directe avec son corps qui procurent des sensations forcément fascinantes. Et qui se fait rare.
Le public lui, se sera montré dans l'ensemble plutôt timide. La prestation s'est avérée moins euphorisante que le concert que j'avais pu voir voici deux ans au Cirque d'hiver. Voir, disons le, assez chiant par moment. On se rapproche de l'expérimental et les mélodies se font parfois moins directes. Ce n'est pas un mal, loin de là, mais profiter d'une telle performance nécessite une attention plus soutenue de la part du public. Et si je rajoute que le set a duré deux bonnes heures... j'ai frôlé l'indigestion par moment (et je ne savais pas encore alors que j'enchaînais avec Magma le lendemain... en voilà un week end cérébral ! Merci de me faire penser à acheter des places pour Superbus afin de me soulager le cerveau).
N'empêche. Sacré moment que de voir un set prendre forme, de voir tout le travail en amont se poursuivre devant nos yeux, pour permettre à Camille et sa troupe de partir en tournée. Le set, plus maîtrisé et rodé, méritera franchement que vos oreilles s'y attardent.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pénétrer et découvrir l'intime conviction d'un artiste en direct, wow ! beau programme. Approcher la magie, quoi, et voir le boulot, la lutte, ça doit être en effet passionnant. Et même plus : être témoin de la part pénible, indigeste, "chiante", est en fait une chance. Peu d'artistes osent cette impudeur. Dans sa démarche, Camille permet à la création de ne plus être rattachée à l'oeuvre finale, mais à l'acte lui-même, et au partage. La création est d'abord la prise de parole.
Et son nouvel album claque pas mal, en prime. Moins que le premier, car d'une audace plus cadrée, moins folle, mais classe quand même.