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28 décembre 2006

Time Of Grace- Neurosis

Neurosis en live, c'est un concert que j'ai quitté au bout d'une heure. C'était il y a 6 ans, au Club Dunois, à Paris, pour la tournée qui suivait la sortie de l'album Time Of Grace.
Que dire de cet album ? Qu'il a changé ma vie ? Bateau je sais, mais véridique. Je suis plutôt un gros consommateur de disque, mais celui ci... Cela ne s'explique pas. C'est une relation privilégiée que j'entretiens avec les chansons de cet album. Une émotion constante, pénétrante. Et ce, à chaque écoute, comme si c'était la première. Méditer sur un album à grosses guitares vous parait inconcevable ? Pour moi, non. Ce disque est d'une lourdeur hypnotique, d'une sensibilité incroyable. Les musiciens font plus que se mettre à nus. Leurs compositions, leurs interprétations me donnent fréquemment la chair de poule. Une émotion de tous les instants, chavirante, enivrante. Les chansons sont arrangées avec une grâce, une subtilité qui m'a toujours laissé songeur. Comment font ils pour allier une telle puissance avec autant de sensibilité ? Ces gens ne composent qu'avec leur coeur, leur chair. Le moindre coups de cymbale, le moindre accord a sa justification, un sens, une portée unique. Six ans que j'écoute cet album, six ans que je pars avec eux, que mon esprit s'inonde d'images. Alors ce concert, me direz vous ? Et bien, j'étais au premier rang, plein axe. A la fois impatient, excité et ému de voir en chair et en os ces compagnons d'âmes. Ils arrivent, s'installent, sont déjà dans leur monde. Ils n'ont pas encore touché leurs instruments qu'on les sent déjà habités par ces vibrations uniques qui donnent corps à leur musique. Le concert commence, une dizaine (!!) de vidéoprojecteurs diffusent petit à petit des images, qui s'additionnant, composeront un tableau animé d'un mouvement perpétuel, hypnotique. Neurosis se met à jouer. Mon corps est envahi par les émotions déchirantes qui transpirent dès les premières notes. Leurs regards sont troublant, les mouvements qu'ils donnent à leurs corps ressemblent à une danse vaudou, lente, langoureuse et puissante. Le son est énorme. Mon corps est secoué. C'est trop intense. Je pars en plein trip. Les basses m'envahissent, les guitares me transpercent, je suis submergé par tant d'émotions, qui me mettent dans un état étrange. Comme si je faisais corps avec leur musique. Réellement. Comme si cette rencontre était inéluctable. Inscrite dans mon parcours de vie. Mon cerveau vole des images à tout va, je suis en sueur, la tension est palpable, le public remue sur lui même, ondulent. Toute l'assistance est attrapée. Je ne résiste pas, l'émotion est trop forte. Cette musique me parle trop. Tellement qu'au bout d'un moment, je choisi le repli. M'éloigne des premiers rangs, m'appuie contre un mur, reprends des forces. Leur jette un regard ému et songeur. Comment puis je me sentir aussi proche de types qui vivent à des milliers de kilomètres de chez moi, qui ignorent même jusqu'à mon existence ? Je m'en fous. Cette musique me parle, devient mes mots. Je ne me sens absolument pas la maturité de la composer et de la jouer. Maintenant, je sais que ce genre de groupe fera sûrement partie de mon parcours de musicien, d'ici une dizaine d'année, peut être un peu plus, ce n'est pas un problème. Je le sens, le sais, et cela seul me suffit. Donc, oui ce concert, je l'ai quitté avant la fin. Par excès d'amour, d'émotions; par trop de similitudes de langages, je ne sais pas. Toujours est il que je suis sorti de ce concert apaisé, comme purgé. Serein.

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